Le champ de selfies.

Une grande partie de mes clichés alimentent des albums de voyage. Très attiré par le carnet de voyage, j'ai tenté de mélanger graphisme et photo (exemple ici) mais pour aller plus loin, j'ai approfondis mes connaissances sur l'art  du carnet de voyage et l'illustration, il y a deux ans, pendant un repos forcé à la sortie d'hôpital qui m'avait déjà interdit de prendre la route. Le récit qui suit est une première approche, mais compte tenu des circonstances, à défaut de voyage dans l'espace, je propose un voyage dans le temps.

 Il y a quelques années, aux abords du chemin du "Bois de Saint Amand", célébré dans la chanson éponyme de Barbara, les champs dorés de colza décoraient mon village et des géants de fer pointaient derrières les collines...

 

 

 

J'ai eu envie de donner à cette image un aspect graphique rappelant les plans et affiches des urbanistes.

 Toutes les images qui peuvent être agrandies par un simple clic ont pour des raisons pratiques des dimensions qui ne dépassent pas 1920 pixels en largeur et/ou 1080 pixels en hauteur.

 

Le petit panneau officiel, bleu marine, indiquant le nom du lieu-dit a disparu. Il a été remplacé par un panneau un peu plus artisanal.

 

Chaque année, le paysage change au gré des recommandations et règlements de la PAC (Politique Agricole Commune).

 

L'année suivante, au printemps, les champs de blés encore verts, alentour, saignent d'un sang pur abreuvant les sillons tracé par les agriculteurs... J'ignore l'origine du phénomène, soit l'agriculteur tente une conversion vers le bio, soit les produits chimiques ont été mal dosés.

L'été arrivé, ce champ attire une nuée de citadins de passage, certainement peu concernés par l'écologie et qui s'arrêtent pour faire quelques selfies. Je l'ai surnommé le "champ de selfies". Personne ne sait probablement rien du Petit Bois de St Amand, qui se situe un peu plus loin.

Le champ de selfies, vu d'un peu plus haut et un peu plus loin est en jachère cette année. Les collines envahies de pustules de bétons ont gagné quelques mètres de hauteur. Ce quartier d'Aix en Provence s'appelle la Duranne, les employés et habitants profitent d'une vue magnifique sur les célèbres paysages peints par Cézanne, la montagne Sainte Victoire.

Ce récit n'est ni nostalgique d'une époque, ni critique envers l'urbanisation, c'est en effet un des rare cas où elle s'est attaquée à des collines infertiles dont les broussailles en feu ont menacé, il y a quelques années, toute la région Sud, de coupures d'électricité pour une longue période, l'unique ligne haute tension qui l'alimente rendant le travail des pompiers très difficile. Bénévole au Comité Communal des Feux de Forêt, j'étais aux premières loges de ce fait divers. Malheureusement, les riches plaines environnantes n'ont pas été épargnées par ces plaies de béton, et les générations futures seront peut être un jour condamnées à la culture hors-sol dont les ravages se font déjà sentir.

 

Pour revenir à la photographie : je proposerai dans d'autres articles des sujets similaires qui vous donneront peut être envie d'utiliser ce hobby à des fins autre que le stockage sur disque dur ou la galerie virtuelle, non que ces activités soient dénuées de sens, mais elles laissent, à mon avis, un gout d'inachevé.