LE TRAITEMENT DU RAW

Rappel sur les formats de fichier d'images :
- Un fichier Jpeg contient une image dégradée, des informations sont perdues parce que le fichier est compressé, l'image perd en détail et en dynamique, l'écart entre les parties les plus claires et les plus sombres enregistré dans d'autre fichiers (Tiff, PNG ou Raw) peut être plus important.
- Un fichier Raw contient un grand nombre d'infos, il peut alors être très lourd (la palme revient sans doute au DNG format ouvert proposé par Adobe et potentiellement le plus apte à devenir un standard). Tous les autres sont de type propriétaire et jalousement (ou stupidement) conservé par les marques sans doute persuadées qu'elles sont uniques au monde.

                                              -  Grille de Bayer -                             -   Effet des filtres  -

Le fichier Raw contient les données brutes du capteur, c'est particulièrement gênant pour les capteurs munis d'une grille de Bayer. En effet, un photosite précédé d'un filtre vert n'a enregistré que la quantité de vert qu'il reçoit, les photons rouges et bleus sont arrêtés par le filtre, on ne sait donc rien des composantes bleu et rouge qui sont arrivées sur ce pixel. Un calculateur interpole les valeurs de rouge et de bleu des photosites voisins et fourni ainsi la valeur approximative des 3 couleurs de chaque pixels. On appelle cela le dématriçage.
Pour calculer ces valeurs manquantes, il existe plusieurs méthodes, parfois complexes, mais qui ont l'avantage d’atténuer un certain nombre de défauts comme le moiré et artefacts de couleurs. Il n'y a pas de méthodes parfaites, certaines par exemple privilégient la définition, d'autres le respect des couleurs.


Une méthode rudimentaire consiste à donner au pixel à filtre vert, une valeur de rouge et de bleu moyenne des pixels voisins immédiats.

 

Exemple  : pour le pixel vert n°32
- la valeur du bleu sera moyenne des pixels bleus n° 22 et 42
- la valeur du rouge sera la moyenne des rouges n°31 et 33.
Pour le pixel bleu n°24 on calcule les moyennes des 4 pixels verts et 4 rouges qui l'entourent comme indiqué sur le dessin.


Cette méthode nécessite très peu de calcul, mais s'avère complètement erronée lorsque les variations des couleurs sur l'image sont importantes pour un déplacement de l'ordre du pixel. Certaines interférences déplaisantes peuvent apparaître. Prenons un cas extrême, parfait comme il n'en existe qu'en théorie :

Nous photographions des lignes verticales noires et blanches qui sont projetées sur le capteur avec exactement la même alternance que les photosites. Comme on peut voir sur la figure, les photosites sensibles au bleu sont tous sur des lignes noires, et renvoient 0. Ceux sensibles au rouge sont sur des lignes blanches, et renvoient 100 ; enfin, les verts alternent entre les deux extrêmes.
Le dématriçage, en propageant les valeurs aux pixels adjacents, produit des interférences colorimétriques : l'image paraît quadrillée rouge&jaune au lieu d'être striée noir&blanc.
Ce phénomène se produit lorsque des petits détails arrivent près de la fréquence spatiale du capteur. C'est souvent le cas sur les rambardes de balcons ou les tuiles lorsqu'on photographie des maisons lointaines, mais également avec des cheveux, du feuillage ou des motifs de tissus.

Pour réduire ces interférences, il existe 2 solutions :
1) Un filtre "passe-bas" sur le capteur, qui va délibérément flouter l'image pour qu'aucun point de moins de deux pixels de diamètre ne soit visible : ainsi, nos lignes  sont transformées en un gris uniforme. Les détails disparaissent, mais les interférences aussi.
2) On modifie l'algorithme de dématriçage, par exemple en ajoutant un système détectant les lignes : dans le cas présent, il détecterait des lignes verticales et ne regarderait plus les pixels de gauche et de droite, mais seulement ceux de l'axe verticale.
Les lignes blanches apparaissent alors jaunes (mélange de rouge et de vert, l'ordinateur ne pouvant deviner que sur ces colonnes il y a aussi du bleu), mais les lignes noires restent noires, ce qui est déjà moins perturbant.
Il peut également faire une moyenne en regardant 3 ou 4 pixels alentours au lieu d'un, dans ce cas, comme avec le filtre passe-bas, on perd en précision mais le risque d'interférences est éliminé.

Les méthodes les plus sophistiquées utilisent 100 fois plus de calcul, mais aussi des modes prédictifs qui permettent de diviser le temps de calcul par 10 ou plus. Le temps d'affichage d'une image reste alors raisonnable.


Ouvrez une image avec votre dématriceur :
-UFRaw est très simple et intuitif, pour comprendre les bases.

A coté du motif de la grille de Bayer, il est possible de sélectionner une méthode d'interpolation, il faut les tester sur différentes images (agrandies à 100%) pour voir que la plupart du temps, il n'y a pas grande différence.

-Je vous recommande de passer rapidement à un dématriceur proposant des fonctions un peu plus sophistiquées comme RawTherapee.

L'image affichée sur votre écran par un dématriceur est une image « dématricée ». Les couleurs sont corrigées en fonction des réglages des paramètres du logiciel ou inclus dans le fichier Raw (température de couleur, gamma, saturation...). Ces paramètres ne sont pas choisis au hasard, ils respectent les lois de l'optique et les principes de la vision. Les paramètres par défaut donnent normalement un résultat proche de la réalité. Ce n'est vrai que si l'écran a été calibré et que les paramètres sont correctement réglés.

 Attention, il n'existe pas de réglage par défaut :
    - Vous seul savez quelle Balance des Blancs est correcte, même si vous avez laissé la BdB automatique, il est possible que le choix du boîtier soit erroné. Pour régler la BdB, un professionnel qui doit respecter les couleurs avec une grande précision, par exemple pour des reproductions de tableaux, utilise une charte de gris. La méthode est simple, mais un peu contraignante pour un amateur. De toute façon vous modifierez certainement les couleurs et le contraste au gré de votre humeur. C'est donc sans intérêt.
    - Si l'objectif est reconnu par le boîtier, des informations sont ajoutées dans le fichier Raw, le dématriceur peut alors en tenir compte pour corriger par exemple les distorsions (c'est optionnel).

   - Vous seul pouvez décider de la luminosité qu'il faut choisir. Dans une image qui contient des écarts de luminosité importants, vous devrez choisir quelles zones peuvent rester dans l'ombre ou manquer de détails si elles sont trop fortement éclairées.

   - De même, vous seul êtes en mesure de décider quel compromis contraste/luminosité/détail assure au mieux ce que vous avez envie de montrer...

 

 

Sauvegardez vos images au format TIF ou PNG (16 bits sans compression) lorsque vous voulez conserver le maximum de possibilités de retouche, sinon enregistrez au format JPG pour les visualiser ou les imprimer.